William Burroughs
-I-
j'admirais l'autre monde dans le miroir aux mille délires
je restais figé dans la certitude de la vérité des ombres
la réalité de mes mains rendues monstrueuses
mains tremblantes paires de mains multipliées par vingt-trois
et la nouvelle poésie sans cesse en marche
le passé s'éveillait des individus risibles et certainement féroces
ils devaient communiquer dans leur langue inconnue les civilisations depuis longtemps abrogées
la tête comblée de ma littérature aléatoire
mes cut-up sans fin
le verbe hallucinatoire ma félicité mon festin
mes visions la came de l'autre espace et de l'autre temps
mon repas ma nudité ma conscience offerte et libérée
s'offrant à l'autre au nouveau sens pour toujours aller plus loin
il me semble même que les miroirs se propagent
me multipliant comme ces coupures qui tendent vers l'infini
comme les permutations de Brion Gysin
les miroirs et les boules de pendule qu'il faut sans cesse contempler
les miroirs sont ce que je suis je suis ce que sont les miroirs les miroirs sont je suis
conscience toujours en éveil littérature de l'au-delà
et se balançant m'encourageant à continuer de divaguer dans l'aube réelle et neuve