Le désarroi irréel
c'est comme une angoisse qui revient comme un refrain
on a beau dire l'esprit perd souvent de sa substance
c'est comme une chanson laide qui viendrait me mordre les tympans
des paroles répétitives qui vous ramènent fatalement aux images oubliées
à la nervosité du corps qui ne sait plus que faire de lui-même
parce que les gouffres inévitables tendent à s'approfondir
mais brusquement un rêve liquide naît sur ma joue
comme une voix d'amour qui vient lécher mes oreilles
et l'irréalité se dissout dans le matin neuf et rasséréné
et le désir conquiert son droit bien légitime à l'existence
l'idée du désir est de demeurer sans fin
le désir d'amour le désir de littérature la volupté du style
la femme renouvelée les yeux qui contemplent la fin de mon désarroi
au fond c'est ce qui compte le plus le sourire apaisé des mots
la vitesse folle de la conscience enfin libérée
je ne suis donc plus indifférent à moi-même
les mots se posent sur mes tempes comme des insectes
je renais fréquemment de mes cendres refroidies