la nuit était paresseuse le sommeil ne me gagnait
la nuit était paresseuse
le sommeil ne me gagnait pas plus tard je rêvais
c'était un tigre qui glissait sur une plaque de verglas
serein je ne voyais rien d'absurde à la nuit à la vie
j'attendais calmement mon anéantissement
on hurlait dehors on vivait encore
on appelait peut-être à l'aide en bas
les effluves des êtres immondes et désespérés montaient jusqu'à moi
mais je ne m'en préoccupais pas
j'étais à mille mètres d'altitude
loin très haut en direction de Stockholm
de Bruxelles ou ailleurs le pays que je ne connais pas encore
allez savoir je n'en voulais plus à personne
la nuit était encore bien loin
si j'avais regardé à la fenêtre mes yeux se seraient heurtés à un mur blanc
le monde peut donc disparaître d'un moment à l'autre
il est 3h27 du matin quand cette révélation glisse sur mes yeux
comme une caresse
comme un amour qui devenait obsolète
comme le rêve du tigre diaphane le fauve intangible
le déroulement du temps est devenu caduc
mais je fais erreur c'est la nuit et non le temps
le vacarme a cessé depuis longtemps
je ne me bouche plus les oreilles comme en altitude
je sens maintenant que je dérive
cette dérive me tient chaud je soupire
mes yeux se ferment
les rêves ne me dérangeront plus
je crois toujours en moi-même