Mes spontanéités (16)
Lorsque sous les éruptions solaires je sors de l'aveuglant sommeil
je ressens avec tant de violence le ralentissement de la vie
que je revois l'enfant périmé courir de nouveau.
Cette route pentue mène fatalement au lac de diamants
et à ce terrain hérissé de pierres archéologiques
dont je ne pouvais plus admettre l'existence théorique.
Ma main heureuse traverse mon autre main cristalline
et la tiédeur généreuse qui s'instaure dans mon corps sain
marque le début de la création novatrice et folle.
Ces personnages utopiques marchent au ralenti et à reculons
faisant silence derrière cette vitrine que j'ai façonnée
en créateur bienheureux et perpétuel de mirages tangibles.
La marque du divin s'enfonce petit à petit dans la terre humide
mais je m'arrête sous la pluie battante et inespérée
qui étouffe tout désir grandissant d'annihilation.
Le retour à la vie initie désormais le nouveau regard
et la croyance en la régénération des corps insanes
prend l'exacte mesure de l'ampleur de mon écriture.
Le ciel blanc haut et léger va participer bientôt
de la quiétude qui comprendra le cercle de mes mondes
et ce moment-là toutes les formules de l'avenir deviendront probables.
Les yeux glissent sur les joues d'enfant comme des larmes
et creusent le visage à la fois sombre et blafard qui s'allonge
comme si la vie délirante ne pouvait plus que me faire souffrir.
L'esprit peut s'appesantir chaque fois qu'il marque un progrès
et pénètre sans vraiment le désirer dans une ancienne nécropole
sous laquelle la plaine des défunts lutte contre son extinction.
L'oreille posée sur une musique douce et répétitive
ma mémoire amère se perd dans mes chuchotements
qui ne sont autres que les prémices du changement de ma matière.
Les bornes ont fondu dans la fusion de mes étoiles naissantes
mais déjà hier je cultivais le mépris légitime des limites
que m'imposait l'ancien monde conventionnel et assassin.
Un début de sourire embellit cette aurore que je méconnaissais
et que me communique maintenant mon extase languide
donnant enfin de la consistance à chacun de mes mots les plus simples.
Je me suis reculé doucement et traversant la muraille
qui m'enfermait comme une punition dans le monde parodique
je peux voir les contours de mon double manipuler la poésie.