Mes spontanéités (15)
Un arc-en-ciel se fermait au-dessus des toits ondulant
et en extase devant ce prodige produit par la chimie céleste
j'arrêtais ma course effrénée car la peur aurait pu avoir raison de moi.
Les lumières s'emparaient de mes ténèbres et je les avalais
comme des friandises les yeux grands ouverts apaisé
tandis que le silence infaillible absorbait lentement ma panique.
L'idée d'angoisse remontait petit à petit à la surface
et mes gestes désordonnés trahissaient la torture du nouveau jour
après une nuit brève peuplée des entités de la vie ennemie.
La main à la gorge et sentant ma pensée se raidir
je balance ma tête posée sur une surface de pierre
et je vois mes lèvres tomber sous le poids de ma répulsion.
Des miettes de réalité courent autour de mes pieds
comme des insectes sordides au gros ventre rassasié
mais les méprisant je poursuis le poème du bonheur.
Collé au mur je le gravis comme une araignée phosphorescente
qui sait pertinemment qu'elle va atteindre le lieu rêvé
où les astres se divisent pour elle en générations éternelles.
Même si l'attente est rude et que la chaleur devient torride
le vent essentiel à l'harmonie des formes de ma nature inviolée
commence à respirer sur la machine intime de ma liberté.
Les différents éléments de ce jardin désert et blanchâtre
disparaissent un à un de même que les animaux marrons
qui n'ont déjà même plus la force d'affirmer leurs crocs.
Les voix électroniques de la nuit mauve ont pris place
parmi la douceur de la vie nocturne et chaleureuse
et les halètements de l'amour qui ne se termine pas.
La sueur coule sur mes tempes comme un souvenir précis
qui me revient après un grand moment de quiétude
et je m'allonge avec mes idéaux antiques vaporisés.
Je n'adhère plus à ces surfaces de pierre qui geignaient
à chacun de mes pas comme dans un mauvais rêve
où l'horizon faussement lointain se déchirait comme du papier.
Les questions sont obsolètes et j'entends sourdre
la rivière de larmes gazeuse à laquelle s'abreuvaient
les chimères hideuses qui se riaient de mes infirmités.
La vie tremblante et cruelle veut écraser toute velléité de mouvement
et toute aurore encore inexplorée mais lorsque j'ouvre les yeux
le panorama sautillant comme une vieille image fond au gris.