Mes spontanéités (13)
Au bord du précipice l'esprit souffrant d'une tumeur
recule tout de même et se heurte à une muraille glaciale
qui finit par se dissoudre parce que le mal est transitoire.
J'entends les pas de l'amour s'approcher de mon espoir
à moins que ce ne soit le bruit régulier d'une musique répétitive
née de mes veillées affligeantes d'enfant condamné.
Manquant encore une fois de glisser sur une pente sournoise
je vois au loin gesticuler des arbres qui vacillent comme moi
et dont la laide vieillesse infeste mon espace amoindri.
J'aime ces illusions d'optique et je me plais à croire
que du panorama s'émoussant devant mon bonheur
surgira un mouvement tangible qui m'emportera.
Je sais que je vais acquérir la connaissance et l'expérience
et que le lever du jour multiplié sera évident
car j'aurai le pouvoir de modifier ma mort quotidienne.
Lorsque je suis revenu à mon univers oublié
j'ai pu à bon droit m'enorgueillir de la naissance
de ma poésie et de cette humanité profonde que je méconnaissais.
Dans le sol caillouteux semble se dessiner l'idée
que tout n'est plus transitoire si bien que l'eau légère
coule sereine et silencieuse devant mon ébahissement.
Les rires de l'hypocrisie les plaisanteries ahurissantes
fusent sous le soleil brûlant en mille morceaux
et dont la puanteur assassine me fait baisser les yeux.
Le réel a bien du mal maintenant à relever la tête
mais je m'attarde sur les mots que mon sommeil ivre a créés
et c'est ainsi que j'approche ma véritable essence.
Me voici enfin seul et habité par mes reflets familiers
j'ouvre avec joie les rideaux qui me séparaient
de la splendeur de l'espace aux mille œuvres.
Le ciel gris s'élève et à ce moment-là le vacarme humain
qui grandissait comme le volume de mes cauchemars
et qui prenait conscience de son incongruité ne peut que faire silence.
La pensée que l'on se doit d'aller toujours beaucoup plus loin
dans la quête de ses mots intimes et de son autre univers
a germé dans mon esprit épouvanté par son rétrécissement.
J'ai fermé ma main sur mes souvenirs encore vivaces
et j'ai senti une puissance mystérieuse s'emparer de mes fibres
et se mélanger à mon sang qui circule de nouveau.