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Le poète rapide
9 juin 2013

Mes spontanéités (13)

Au bord du précipice l'esprit souffrant d'une tumeur

recule tout de même et se heurte à une muraille glaciale

qui finit par se dissoudre parce que le mal est transitoire.

 

J'entends les pas de l'amour s'approcher de mon espoir

à moins que ce ne soit le bruit régulier d'une musique répétitive

née de mes veillées affligeantes d'enfant condamné.

 

Manquant encore une fois de glisser sur une pente sournoise

je vois au loin gesticuler des arbres qui vacillent comme moi

et dont la laide vieillesse infeste mon espace amoindri.

 

J'aime ces illusions d'optique et je me plais à croire

que du panorama s'émoussant devant mon bonheur

surgira un mouvement tangible qui m'emportera.

 

Je sais que je vais acquérir la connaissance et l'expérience

et que le lever du jour multiplié sera évident

car j'aurai le pouvoir de modifier ma mort quotidienne.

 

Lorsque je suis revenu à mon univers oublié

j'ai pu à bon droit m'enorgueillir de la naissance

de ma poésie et de cette humanité profonde que je méconnaissais.

 

Dans le sol caillouteux semble se dessiner l'idée

que tout n'est plus transitoire si bien que l'eau légère

coule sereine et silencieuse devant mon ébahissement.

 

Les rires de l'hypocrisie les plaisanteries ahurissantes

fusent sous le soleil brûlant en mille morceaux

et dont la puanteur assassine me fait baisser les yeux.

 

Le réel a bien du mal maintenant à relever la tête

mais je m'attarde sur les mots que mon sommeil ivre a créés

et c'est ainsi que j'approche ma véritable essence.

 

Me voici enfin seul et habité par mes reflets familiers

j'ouvre avec joie les rideaux qui me séparaient

de la splendeur de l'espace aux mille œuvres.

 

Le ciel gris s'élève et à ce moment-là le vacarme humain

qui grandissait comme le volume de mes cauchemars

et qui prenait conscience de son incongruité ne peut que faire silence.

 

La pensée que l'on se doit d'aller toujours beaucoup plus loin

dans la quête de ses mots intimes et de son autre univers

a germé dans mon esprit épouvanté par son rétrécissement.

 

J'ai fermé ma main sur mes souvenirs encore vivaces

et j'ai senti une puissance mystérieuse s'emparer de mes fibres

et se mélanger à mon sang qui circule de nouveau.

 

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